Voilà un titre qui peut sembler fantasque, voire science-fiction genre « objet volant dans l’espace ». Mais j’aurais pu tout aussi bien intituler ce post « obsession de l’alignement du tapis » ce qui sonne un peu trop TOC (trouble obsessionnel du comportement) – même si on en est pas loin – et c’est ce que nous verrons plus loin dans cet article.
Aujourd’hui je suis retournée chez mes amis Immanuel et Benita pour m’entraîner dans leur magnifique studio de yoga galerie d’art. Ces derniers viennent du monde de l’art conceptuel et leur studio est entièrement blanc du sol au plafond, à l’exception des œuvres temporairement exposées et de la trame de carrés au sol tracés en noir genre « 2001 odyssée de l’espace ». Je n’ai pas encore bien compris à quoi correspondent ces carrés, mais je crois qu’il s’agit d’une division de l’espace selon un nombre d’or, qui régit tout l’espace. Ici rien n’est laissé au hasard, même les tapis noirs taillés sur mesure pour le studio correspondent à deux carrés de cette trame. Immanuel et Benita demandent à leurs élèves qu’ils viennent au cours habillés en blanc et utilisent les tapis mis à leur disposition, bien positionnées dans la trame du sol (ç’a à l’air un peu obsessionnel comme ça au premier abord, mais on se rend bien vite compte de l’avantage et la qualité d’une pratique dans un tel environnement. Tous les sens sont calmés par le dépouillement et la neutralité du lieu, l’expérience devient automatiquement plus profonde).
Donc aujourd’hui en m’entrainant avec une autre personne, je me suis aperçue que cela n’allait pourtant pas de soi pour tout le monde. Depuis le temps que je fais du yoga, j’ai pris l’habitude d’aligner (parfaitement) mon tapis parallèlement au joints du revêtement de sol et c’est quelque chose que je fais tellement automatiquement que je n’y avais plus réfléchi jusqu’à ce matin quand j’ai constaté à quel point le tapis de ma collègue était posé en traviole sur les lignes noires de la trame. Ma première pensée a été: « comment peut-elle pratiquer avec un tapis tout de travers comme ça? ». et la pensée suivante a été: « je suis quand même vraiment psychorigide, moi ». Mais je me suis alors souvenue pour la première fois que j’avais appris cette discipline il y a des lustres auprès de Christian Pisano, qui exigeait que les bords des tapis – qu’ils soient en long ou en large – soient toujours bien parallèles aux lames du plancher. A l’époque je ne me demandais pas pourquoi il fallait le faire: bête et disciplinée, je m’exécutais comme un petit soldat. Aujourd’hui, j’ai compris que cela n’a rien d’un exercice « militaire » mais plutôt d’une relation du corps à l’espace. Les cordes, les cales, les couvertures ne sont pas les seules props disponibles, l’espace qui nous entoure l’est aussi aussi: les parallèles et les lignes de fuite sont de bons professeurs. Ne pas s’aligner avec les éléments architecturaux d’un espace reviendrait par exemple à travailler un asana contre un mur non vertical!
Conclusion: ce matin j’ai vécu ce qu’on appelle ici un « aha Moment » (une sorte de révélation où l’on s’exclame « Ah Ha! » – intraduisible) et aussi j’éprouve enfin un certain soulagement de pouvoir démontrer que je ne suis pas aussi dérangée que j’en ai l’air lorsqu’en début de cours je suis en train de pousser mon tapis de gauche à droite millimètre par millimètre pour qu’il s’aligne aux joints du plancher.
2 réponses
Bonjour Fanny,
J’ai toujours fais cela spontanément ! Je déroule mon tapis et je l’aligne avec les lames du parquet de la salle de cours. Sinon, j’ai l’impression que mon corps ne sera pas correctement aligné !
Je n’ose imaginer une salle avec un parquet chevrons, ou une salle avec des angles aigus ou obtus, ça me perturberait, je crois 😉